L’indice des dettes à la consommation de MNP cinq ans plus tard
L’indice des dettes à la consommation de MNP a soufflé ses 5 bougies en juillet 2023. Nos sondages des 25 derniers trimestres dressent un portrait détaillé de l’opinion des Canadiens au sujet de leurs finances et de leurs dettes.
Beaucoup de choses ont changé depuis que nous avons commencé à prendre leur pouls en 2017. On observe dans l’ensemble un déclin soutenu de l’optimisme des consommateurs, aux prises avec des dettes écrasantes, les effets de la pandémie de COVID-19, une inflation ayant atteint un pic générationnel et des taux d’intérêt à leur plus haut niveau depuis la crise financière de 2008.
Examinons de plus près certaines des grandes tendances trimestrielles, annuelles et pluriannuelles que nous avons observées ces cinq dernières années.
Cinq années de sautes d’humeur (presque) prévisibles
Bon an mal an, l’indice des dettes à la consommation de MNP a fait état — à une exception près — d’un optimisme grandissant au printemps et à l’été et d’une recrudescence du pessimisme à l’automne et à l’hiver. Deux facteurs proposent une explication plausible de ces retours du balancier. Premièrement, on a tendance à voir les choses du bon côté avec l’arrivée du beau temps et d’être d’humeur sombre lorsqu’il commence à faire froid et que les journées raccourcissent.
Nous savons également que le temps des Fêtes a une incidence non négligeable sur ce phénomène. Par le passé, le moral des Canadiens était à son plus bas entre décembre et mars; la période où l’effet des Fêtes sur le portefeuille commence à se faire sentir. En effet, les ménages ont généralement l’impression que leur avenir s’assombrit lorsqu’ils se rendent compte des efforts nécessaires pour ramener leurs cartes et leurs marges de crédit à un niveau raisonnable.
Le sondage de juillet 2023 est le premier qui fait état d’un optimisme en baisse pour la période estivale. Bien que le petit nombre de sondés ne nous permette pas d’expliquer ce résultat de manière définitive, nous sommes d’avis que l’augmentation du coût de la vie, sous l’effet de l’inflation et des taux d’intérêt, est en cause. Elle semble avoir eu raison de l’euphorie estivale et a peut-être empêché bon nombre de ménages de rembourser les dettes qu’ils traînent depuis les Fêtes.
L’indice des dettes à la consommation a toujours été destiné à baisser
Bien qu’il ait gagné 0,8 point dans sa première année, il n’a cessé de se replier par la suite. Il a reculé d’un point en 2018-2019 et 2020-2021 et de six points en 2019-2020 et 2022-2023.
Les replis les plus importants sont les plus faciles à expliquer de manière plausible. Début 2020, la pandémie de COVID-19 a fait plonger l’économie mondiale. On a assisté à d’innombrables fermetures d’entreprises et mises à pied. Des millions de Canadiens se sont retrouvés temporairement ou définitivement sans emploi et contraints de demander une aide fédérale, comme l’assurance-emploi ou la prestation canadienne d’urgence.
L’économie canadienne n’était pas au bout de ses peines : l’inflation a commencé à monter en flèche fin 2021 et poursuit sur sa lancée en 2023. Le coût croissant des produits de première nécessité comme la nourriture et l’essence ont forcé bon nombre de ménages à vivre à crédit pour joindre les deux bouts. Les taux d’intérêt ont ensuite commencé à grimper, ce qui a intensifié les pressions financières et fait planer le spectre d’une récession. Les Canadiens n’ont jamais été aussi pessimistes au sujet de leur endettement et des perspectives économiques du pays, et bon nombre d’entre eux estiment que le pire reste à venir.
Les reculs plus modestes de l’indice peuvent sembler anodins en comparaison, mais nous pouvons en tirer de précieuses informations. Il est bon de noter que le ratio canadien de la dette au revenu était déjà très élevé au moment où MNP a lancé son indice. À l’époque, la dette non hypothécaire moyenne des Canadiens était de 1,70 $ pour chaque dollar gagné. En 2023, ce chiffre était de 1,85 $.
L’index a simplement exprimé en chiffres ce que la plupart des experts de la finance savent depuis longtemps : l’endettement des Canadiens ne semble pas soutenable, et la plupart des ménages ne sont pas en mesure de surmonter une mauvaise passe financière. N’eût été la pandémie et la crise économique, les Canadiens n’auraient peut-être pas vu leur optimisme être aussi malmené, mais leur confiance en leur capacité de sortir de l’endettement se serait tout de même effritée.
Replacer l’indice dans son contexte
L’indice global permet de contextualiser l’opinion des Canadiens au sujet de leur endettement et de leurs finances personnelles. Or, leurs réponses aux questions que nous leur posons couramment sont tout aussi importantes.
La somme d’argent dont disposent les Canadiens à la fin du mois une fois les factures et les dépenses courantes réglées a intéressé particulièrement nos lecteurs au cours des cinq dernières années. Le pourcentage de répondants qui a affirmé que ce montant était de 200 $ ou moins n’a jamais passé sous la barre des 40 %. Il a surpassé 50 % à quatre reprises et la moyenne sur cinq ans est légèrement inférieure à 45 %.
Pourquoi cette donnée est-elle si importante? Elle exprime différemment le fait que presque la moitié des Canadiens sont à tout moment à 200 $ d’être insolvables et qu’ils répondraient vraisemblablement aux critères prescrits dans la loi pour déclarer faillite, pourvu qu’ils aient des dettes de 1000 $ ou plus.
Le nombre de Canadiens se disant capables de couvrir leurs dépenses courantes et celles de leur famille au cours des 12 prochains mois sans s’endetter davantage est une autre donnée surprenante. En 2018, 38 % des répondants étaient de cet avis. En 2023, cette proportion était de seulement un tiers.
Dit autrement, la plupart des ménages s’endettent pour joindre les deux bouts et la dépendance à cette solution augmente avec les années.
L’indice de MNP révèle aussi qu’en raison de la très petite marge de manœuvre financière dont disposent bon nombre de Canadiens, peu d’entre eux économisent suffisamment pour parer à une urgence. Ces cinq dernières années, la proportion de répondants affirmant pouvoir faire face à un imprévu (perte d’un emploi, maladie, changement dans la situation de couple, etc.) sans s’endetter a diminué de 5 à 10 points.
Le pourcentage de Canadiens qui regrettent la quantité de dettes qu’ils ont accumulées a sans surprise grimpé de 10 % au cours de cette période. En outre, le nombre de répondants affirmant s’inquiéter du niveau actuel de leurs dettes a presque augmenté de la même proportion, soit 9 %.
Ce que l’avenir nous réserve
MNP est le plus important cabinet de syndics autorisés en insolvabilité au Canada. Nous rencontrons chaque année des milliers de Canadiens qui croulent sous le poids d’un endettement qu’ils n’arrivent pas à gérer. Nous observons les effets affectifs et économiques de ces difficultés et les tensions personnelles et interpersonnelles qu’elles génèrent. Il va sans dire que la vie est parfois imprévisible et que chaque dette a son histoire, mais nous sommes d’avis que les ménages peuvent éviter bon nombre des problèmes financiers auxquels ils font face.
MNP a créé son indice des dettes à la consommation en 2017 pour mettre en lumière l’endettement de plus en plus insoutenable avec lequel les Canadiens auraient vraisemblablement à composer et pour les inciter à se montrer proactifs dans la gestion de leurs finances personnelles. Nous sommes fiers des conversations suscitées par les données que nous avons recueillies au fil des ans, mais nous sommes préoccupés par l’évolution de la situation depuis 2017. Plus que jamais, les particuliers connaissent des difficultés financières.
Il existe des solutions officielles, comme la faillite et la proposition de consommateur, pour aider les particuliers à s’extirper de situations impossibles. Notre message a toujours été que ces options sont utiles et efficaces, mais qu’il n’est pas nécessaire d’y avoir recours dans la plupart des cas. Notre souhait est de voir moins de Canadiens utiliser ces solutions de dernier recours, car elles peuvent bouleverser leur mode de vie et leurs perspectives financières. Toutefois, vu l’évolution de la situation, c’est plutôt l’inverse qui risque de se produire ces prochaines années.
Nous invitons ceux et celles qui peinent à gérer leurs dettes à communiquer avec un syndic autorisé en insolvabilité de MNP pour obtenir une évaluation gratuite de leur situation et pour discuter des options envisageables. Ces rencontres confidentielles ne débouchent pas nécessairement sur une déclaration de faillite ou sur le dépôt d’une proposition de consommateur. Les conseils et les ressources que nous offrons peuvent permettre à bon nombre de Canadiens de profiter d’une aide professionnelle soutenue et d’éviter de se déclarer insolvables.